De mémoire d’universitaire

La communication scientifique fait souvent la part belle à l’actualité de la recherche au point parfois d’en négliger son histoire. Au contraire, la valorisation du patrimoine scientifique est une bonne façon d’éclairer les recherches actuelles et leurs trajectoires technologiques à la lumière des choix des questionnements d’hier.

ACO, l’Anneau de collisions d’Orsay© M.LECOMPT/PSUD

L’évolution des sciences et des technologies a été très rapide depuis la création de l’Université Paris-Sud en 1971. Cahiers de laboratoires, notes de recherche, instrumentation, échantillons, documents administratifs constituent autant de témoins historiques qui permettent de comprendre comment s’est construite la science actuelle. Depuis quelques années, l’université a pris conscience qu’il est important de préserver cette mémoire irremplaçable de bientôt près d’un demi-siècle d’évolution scientifique et technique. Une démarche de recensement, de sauvegarde et de valorisation de ce patrimoine destiné à transmettre aux générations futures les traces de son histoire. Des initiatives prises localement permettent de tracer la voie.

Quand la science s’expose
Son nom est ACO pour Anneau de Collisions d‘Orsay. Ce grand instrument, localisé au cœur du campus d’Orsay a été un des pionniers des accélérateurs de son domaine entre 1965 à 1988. En 1993, quelques physiciens, ingénieurs et administratifs qui ont vécu l’aventure scientifique d’ACO ont l’intuition que cet accélérateur qui tient finalement dans une petite salle de 300 m² peut devenir un support didactique formidable. Ils vont réussir l’exploit de conserver l’accélérateur intact tout en y ajoutant des expériences pédagogiques et historiques pour recevoir du public et faire partager leur passion et leurs connaissances. A tel point qu’en 2002, le ministère de la Culture fait classer ACO à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Depuis, l’accélérateur se visite (plus d ‘un millier de visiteurs par an) et s’enrichit chaque année de nouveaux dispositifs de médiation. Dès la rentrée 2014, il accueillera les classes scientifiques dans le cadre de la MISS.

Une vitrine du musée Albarelle©M.ARDHUIN/PSUD

Autre dispositif muséographique, celui du musée Albarelle situé qui s’intéresse à l’histoire du médicament, de la pharmacie et de la santé. Là aussi, la constitution de ce fond thématique doit beaucoup à une poignée de passionnés qui ont souhaité transmettre les racines et traditions de la profession pharmaceutique en particulier, et des professions de santé d’une façon plus générale. Le Musée présente ainsi des livres anciens de matières premières et de remèdes, des objets caractéristiques de la profession, qu’elle soit hospitalière (pots et flacons anciens des apothicaireries), officinale (mortiers, piluliers, balances, etc.), industrielle (premières machines industrielles), des gravures et affiches au bénéfice de la santé ainsi que des objets et documents publicitaires. Le Musée présente également des objets relatifs à la protection de la santé dans les sociétés primitives.

Outre un patrimoine scientifique, l’Université Paris-Sud possède aussi un patrimoine botanique inestimable© M.LECOMPT/PSUD

Botanique et scientifique
Outre un patrimoine scientifique, l’Université Paris-Sud possède aussi un patrimoine botanique inestimable. En effet, site classé, le parc botanique de Launay, sur lequel est situé le campus d’Orsay regroupe près de 2 500 espèces végétales des régions tempérées ainsi qu’une serre accueillant des espèces végétales plus exotiques. Le souci originel des pères fondateurs a été de préserver certains espaces naturels, d’offrir un cadre agréable, et d’introduire des plantes vivaces pour leur intérêt scientifique, leur originalité ou leur esthétique. Ils souhaitaient par ailleurs présenter la diversité existante pour un genre botanique donné. Ainsi, en 1970, une réserve génétique de pommiers a été installée. Elle comporte à ce jour 500 arbres, répartis entre quatorze espèces sauvages et quatre-vingt-quinze variétés, des plus anciennes (reinette de Brive, Grand Alexandre, Calville du Roi) aux plus récentes. Le parc est particulièrement propice aux sorties de terrain à visée didactique. Il sert couramment aux travaux pratiques d’écologie et reçoit chaque année de nombreux visiteurs à l’occasion des journées du patrimoine.

Contacts : Marie-Pauline Gacoin, ACO, marie-pauline.gacoin@synchrotron-soleil.fr – http://www.sciencesaco.fr; Albarelle, Faculté de Pharmacie de Châtenay-Malabry